La consommation d’opioïdes chez les aînés

 

En raison des changements physiologiques associés au processus du vieillissement, les personnes âgées présentent des taux systémiques élevés de métabolites opioïdes. Les aînés ayant des maladies pulmonaires courent un risque accru de dépression respiratoire au cours d’une surdose. Il a été montré que la naloxone, administrée en commençant par de faibles doses, traite efficacement la surdose d’opioïdes chez cette population.

̶  Extrait du rapport Meilleure qualité de vie : usage de substances et vieillissement, Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances, 2018

C’est ce qu’on peut lire au chapitre 7 qui traite du TLUO chez les aînés. D’entrée de jeu, les particularités physiques et neurobiologiques de ce groupe et leur impact sur le traitement sont abordés. Ce document est d’intérêt pour la profession médicale et les autres secteurs de la santé qui sont appelés à accueillir une population de plus en plus âgée et aux prises avec un trouble de l’usage d’opioïdes résultant d’un traitement de la douleur chronique. Pour lire le rapport, cliquez sur http://www.ccdus.ca/Resource%20Library/CCSA-Substance-Use-and-Aging-Report-2018-fr.pdf

Dans le même ordre d’idées, un article du Journal de Montréal publié plus tôt cette année souligne le débat sur la consommation d’opioïdes chez les 65 ans et plus. Statistiques de la RAMQ à l’appui, témoignages d’experts et plaidoyers pour la déprescription et les thérapies alternatives mettent en lumière un phénomène préoccupant et en croissance. Voici un résumé des principaux enjeux qui sont abordés:

  • Entre 2016 et 2017, les prescriptions de méthadone ont augmenté de 32 %  chez les personnes âgées de 65 ans et plus, selon des données de la RAMQ.  «C'est 10 fois plus que pour la population totale, où les prescriptions sont en hausse de 3 % pour la même période», peut-on lire. Selon la Dre Marie-Ève Goyer, du Programme CRAN, «les toxicomanes vieillissent, mais on a aussi ajouté une nouvelle population devenue toxicomane après des années de prescriptions».
     
  • Au Canada, les 65 ans et plus affichent le plus haut taux d'empoisonnement accidentel causé par les opioïdes. Les effets secondaires des médicaments opioïdes, comme les chutes, la confusion et la constipation, sont les raisons principales des visites à l'urgence chez cette couche de la population. De plus, les aînés consomment beaucoup de médicaments et les risques d'interaction des opioïdes avec d'autres médicaments prescrits ou en vente libre sont élevés. Pour combattre le problème de surdoses liées à la consommation d'opioïdes, un réseau de résidences pour aînés au Québec a annoncé qu’elle garderait de la naloxone dans ses établissements. 
     
  • Pour gérer la douleur, les experts préconisent la physiothérapie, l'ergothérapie et la psychothérapie et, en dernier recours, les médicaments opioïdes. Mais pour nombre d'aînés, l'enjeu est  principalement financier : actuellement, le coût des thérapies alternatives n'est pas remboursé par la RAMQ. 

Pour en savoir plus : https://www.journaldemontreal.com/2018/04/10/plus-daines-victimes-des-opioides