Info Opioïdes Novembre 2018

Le Québec se dote d’une stratégie nationale pour lutter contre la dépendance aux opioïdes

L'été dernier, le gouvernement du Québec a lancé deux initiatives majeures en matière de traitement des dépendances et a annoncé qu’il y investira un montant de 35 millions de dollars par année. Ces investissements se feront dans le cadre du Plan d'action interministériel en dépendance 2018-2028 et de la Stratégie nationale pour prévenir les surdoses d'opioïdes et y répondre 2018-2020. Plus spécifiquement, 15 millions de dollars par année pendant trois ans seront consacrés à la mise en œuvre des activités de la Stratégie nationale, auxquels s’ajouteront 8 millions de dollars provenant du Plan interministériel.

L’ancien ministre de la Santé Gaétan Barrette, qui en avait fait l’annonce avec l’ancienne ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie, Lucie Charlebois, avait précisé que le gouvernement souhaitait intervenir auprès des personnes vulnérables «en soutenant davantage les organismes communautaires, en élargissant l'approvisionnement en naloxone et en consolidant le traitement des dépendances liées aux opioïdes». (Lire la suite)

 

Fentanyl : résultats du Projet d’analyse des drogues dans l’urine

Pour une deuxième année consécutive, le Programme CRAN a participé au projet d’analyse de substances dans l’urine mené par la Direction régionale de santé publique (DRSP), à Montréal, du 1er août au 4 septembre 2018. Tout comme le projet précédent qui visait la même période en 2017,  il s’agissait principalement de déterminer si le fentanyl était présent dans les drogues consommées. Les participants ont participé anonymement, et cette année, ils pouvaient, s’ils le souhaitaient, bénéficier d’un test d’échantillon d’urine sur place, à l’aide d’une bandelette de détection de fentanyl et plusieurs analogues, et obtenir les résultats.

Ont aussi participé au projet 10 organismes œuvrant auprès des usagers, dont trois qui hébergent aussi un service d’injection supervisée. Cette collaboration a permis de recruter 343 personnes auxquelles on a demandé de compléter un questionnaire et de fournir un échantillon d’urine. La composition du groupe était la suivante : hommes (69 %), femmes (29 %), trans (2 %) ; personnes âgées de 25 à 34 ans (29 %), 35 à 44 ans (35 %), 45 à 54 ans (19 %) et 55 ans et plus (12%).

Selon la consommation des trois dernier jours précédant le test et rapportée par les participants, les drogues les plus utilisées étaient le crack (62 %), la cocaïne (41 %), le speed (25 %), l’héroïne (23 %) et l’hydromorphone (22 %). (Lire la suite)

Photo: Radio-Canada

Du nouveau au Programme CRAN : un service de nutrition

En raison du rôle fondamental d’une saine alimentation dans le traitement du trouble de l’usage d’opioïdes et le maintien d’une bonne santé, le Programme CRAN s’est doté le printemps dernier d’un service de nutrition. S’il le souhaite, un usager en traitement peut maintenant bénéficier du counseling nutritionnel dispensé par la nutritionniste Michèle Cossette.

À l’instar des autres composantes du traitement du TLUO, le Service de nutrition adopte une approche de réduction des méfaits qui tient compte de la situation de la personne et de ses objectifs. (Lire la suite)

 

Consommation, traitement et prévention du suicide

« On sait que les personnes dépendantes sont plus à risque de suicide, mais on ne sait pas vraiment pourquoi », dit Hélène Simoneau, chercheure principale d’une étude menée par l’Institut universitaire sur les dépendances du CCSMTL dont le but est de mieux prévenir le suicide chez les adultes ayant un trouble lié à l’utilisation de substances (TUS). Intitulée Mieux comprendre les interrelations entre les tentatives de suicide, la consommation et le traitement selon la perspective de l’usager : des éléments novateurs pour la pratique, cette recherche se fonde sur l’expérience vécue d’usagers en traitement. C’est la première fois qu’une étude sur le sujet se concentre sur le point de vue de personnes qui consomment des substances.

Aidée des co-chercheures Karine Bertrand, de l’Université de Sherbrooke, et de Marie-Josée Girard, du CCSMTL, madame Simoneau documente les interrelations entre la consommation de substances psychoactives, les services reçus pour le traitement des TUS, et les tentatives de suicide au cours de la vie. Les nouvelles connaissances qui émergeront de cette recherche permettront de mieux comprendre les besoins des personnes en traitement, d’élaborer des pratiques novatrices en prévention du suicide et d’améliorer les services. (Lire la suite)

Pour une terminologie neutre, précise et respectueuse des personnes ayant un TLUO

La lutte contre la stigmatisation des personnes ayant un trouble lié à l’usage d’opioïdes passe par un discours public recentré sur l’aspect médical de leur condition plutôt que par un  jugement moral de leur comportement. Vancouver, épicentre de la crise des opioïdes au Canada, l’a bien compris et s’emploie ces jours-ci à renforcer un message de respect et de non jugement auprès de la population. Le message est clair : la stigmatisation entrave l’accès aux soins et il existe un lien direct entre la persistance des préjugés et le nombre de vies qu’on peut sauver.

Ce que martèlent les autorités sociosanitaires et les organismes communautaires sur le terrain trouve de plus en plus d’écho dans la littérature scientifique. En fait, la recherche n’hésite pas elle non plus à pointer du doigt, entre autres, l’utilisation d’un langage inapproprié à l’endroit des personnes ayant un trouble lié à l’usage de substances. Et ce, que ce soit intentionnellement ou non. (Lire la suite)

 

La consommation d’opioïdes chez les aînés

En raison des changements physiologiques associés au processus du vieillissement, les personnes âgées présentent des taux systémiques élevés de métabolites opioïdes. Les aînés ayant des maladies pulmonaires courent un risque accru de dépression respiratoire au cours d’une surdose. Il a été montré que la naloxone, administrée en commençant par de faibles doses, traite efficacement la surdose d’opioïdes chez cette population.

̶  Extrait du rapport Meilleure qualité de vie : usage de substances et vieillissement, Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances, 2018

C’est ce qu’on peut lire dans le rapport au chapitre 7 qui traite du TLUO chez les aînés. D’entrée de jeu, les particularités physiques et neurobiologiques de ce groupe et leur impact sur le traitement sont abordés. Ce document est d’intérêt pour la profession médicale et les autres secteurs de la santé qui sont appelés à accueillir une population de plus en plus âgée et aux prises avec un trouble de l’usage d’opioïdes résultant d’un traitement de la douleur chronique. (Lire la suite)

Outils et espace usager

Pratiques exemplaires dans le continuum des soins pour le traitement du trouble lié à l’usage d’opioïdes,
Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS), août 2018

Réalisé à l’intention du Groupe de travail fédéral, provincial et territorial sur le traitement du trouble lié à l’usage d’opioïdes de Santé Canada, ce rapport se penche sur « la norme de service à instaurer pour offrir des soins centrés sur la personne à tous ceux qui subissent des méfaits attribuables aux opioïdes ». L’auteure Sheena Taha souligne « que chacun a un cheminement différent dans le continuum des soins et que [les composantes de celui-ci] se chevauchent et sont efficaces lorsqu’elles sont utilisées ensemble. Certaines personnes ont parfois recours à toutes les composantes du continuum, d’autres non, et certaines encore pourraient avoir besoin de revenir à certaines composantes, au besoin. » Les composantes sont la réduction des méfaits, le dépistage, l’évaluation, les interventions rapides, les cliniques d’accès rapide, l’approche communautaire, la gestion du sevrage, les interventions pharmacologiques, les interventions psychosociales, ainsi que le rétablissement, le maintien du bien-être et les soins continus.


⇒ Comment administrer la naloxone en cas de surdose d’opioïde?
Institut national de santé publique du Québec, 2018

Voici deux excellentes vidéos sur la technique d’administration de la naloxone injectable et intranasale, disponibles en français et en anglais :

Administrer la naloxone par injection et par voie nasale

How to administer naloxone via injection and nasally


L’accessibilité aux services de santé et aux services sociaux au Québec : portrait de la situation,
École de santé publique et Institut de recherche en santé publique, Université de Montréal, septembre 2018

L’accessibilité pour les services en dépendance (alcool, drogues, jeu et autres formes de dépendance) est-elle bonne? C’est la question que se sont posé les auteurs pour le volet dépendance de l’étude. Pour suivre l’évolution de l’accessibilité entre 2015 et 2017, ils ont utilisé deux indicateurs : le taux d’implantation des services de détection et d’intervention précoce dans les sous-territoires des CISSS et CIUSSS et la proportion des personnes évaluées dans un délai de 15 jours ou moins. « En termes d’implantation des services, plus de la moitié des établissements ont implanté de manière significative des services de détection et d’intervention en dépendance. Cette amélioration est notée dans presque tous les territoires. En matière de rapidité de la première évaluation, il est difficile d’obtenir rapidement des services d’évaluation en dépendance au Québec. Un seul CIUSSS affiche une bonne accessibilité dans ce domaine : le CIUSSS de la Mauricie-Centre-du-Québec. » Pour en savoir davantage, consultez le rapport.

Événement

Journée nationale sur le traitement du TLUO au Québec, le 21 février 2019, à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM)

Destinée aux usagers et aux intervenants en traitement du TLUO partout dans la province, cette rencontre est organisée par la Direction de l’enseignement universitaire et de la recherche – Institut universitaire sur les dépendances, du CCSMTL. Surveiller nos prochaines informations.

Formations

Formation interdisciplinaire sur le traitement du TLUO (une journée complète), le 30 novembre 2018,  Institut national de santé publique du Québec, Montréal

Atelier Discutons douleur, parlons dépendance, le 19 décembre 2018, 8 h – 16 h, Collège des médecins du Québec, Montréal

Programmation de l’Association des intervenants en dépendance du Québec (AIDQ), Université de Sherbrooke, 2018-2019

Articles scientifiques

Rédaction : Ivanka Stewart-Patterson
Mise en page: Sarah Poulin-Chartrand
Merci à nos contributeurs : Michèle Cossette, Eve Côté, Pascale Leclerc, Hélène Simoneau

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