SUIS-JE LE NUMÉRO 12 ?

Tel est le message clé de la campagne de sensibilisation de la World Hepatitis Alliance, une ONG qui regroupe plusieurs organismes qui œuvrent dans le domaine de l’hépatite virale dans divers pays. Il s’agissait aussi d’un thème majeur de la Journée mondiale contre l’hépatite, qui s’est déroulée le 28 juillet 2011 et qui figure désormais au calendrier des événements officiels de l’Organisation mondiale de la santé.

«Suis-je le numéro 12?» met l’accent sur l’ampleur de l’hépatite virale (en effet, une personne sur 12 est infectée par l’hépatite B ou l’hépatite C dans le monde) et insiste sur le fait que ces maladies ne font aucune discrimination et touchent toutes les couches de la société, sans égard au statut socioéconomique. Cinq cent millions de personnes vivent avec une infection virale chronique causée par l’hépatite B ou l’hépatite C dans le monde.

Selon l’Agence de la santé publique du Canada, près de 600 000 Canadiens vivent avec l’hépatite B ou l’hépatite C, ou les deux, et on recense en moyenne 5 000 nouveaux cas d’hépatite C chaque année. L’ASPC estime que, en 2010, les coûts de l’hépatite C liés tant aux traitements qu’à la perte de productivité qu’occasionne la maladie ont atteint un milliard de dollars au Canada. Des 600 000 Canadiens infectés par l’hépatite B ou C, on estime que 240 000 ne savent pas qu’ils ont contracté le virus. En effet, peu de gens connaissent les facteurs de risque ou les symptômes de l’infection.

C’est dans le cadre de la Journée mondiale contre l’hépatite que la Coalition canadienne des organisations vouées à l’hépatite B et C, de Vancouver, a publié son Bulletin de rendement 2011 concernant les stratégies canadiennes de lutte contre les hépatites B et C.

Le Bulletin consiste en une évaluation des différentes mesures et stratégies mises en œuvre par chaque province et territoire, ainsi que par le gouvernement fédéral, pour contrer l’hépatite B et C. Selon la  Coalition, «une coordination et une mobilisation accrues des efforts sont nécessaires pour parvenir à mettre en place une stratégie nationale efficace en matière d’hépatite» et qu’une stratégie coordonnée est « plus urgente que jamais». «Au Canada, les traitements de l’hépatite B et C sont généralement accessibles, mais on constate un manque important d’uniformité entre les régions ou entre les milieux correctionnels. Il faut accroître le nombre des spécialistes de l’hépatite et réduire les délais d’attente», conclut la Coalition.

Le Dr Morris Sherman, hépatologue au Toronto General Hospital et président de la Fondation canadienne du foie, affirme que «les patients d’aujourd’hui [atteints d’une infection à l’hépatite B ou à l’hépatite C] souffriront de complications, développeront un cancer du foie ou auront besoin d’une greffe». De plus, insiste le Dr Sherman, «le cancer du foie est causé, le plus souvent, par l’hépatite B et l’hépatite C et son incidence augmente plus rapidement que celle des autres cancers. Des soins adéquats peuvent prévenir ou guérir ce cancer, mais parce qu’il n’existe à l’heure actuelle aucune stratégie nationale, la majorité des personnes qui développeront un cancer du foie en mourront.»

La Coalition canadienne des organisations vouées à l’hépatite B et C a été créée en 2009 dans le but de remédier à l’absence, au Canada, d’une stratégie nationale ou d’un système global de lutte contre l’hépatite B et l’hépatite C. Elle presse le gouvernement du Canada ainsi que les gouvernements provinciaux et territoriaux de créer d’ici 2012 une stratégie nationale qui permettra de résoudre les problèmes et de remédier aux lacunes recensées dans le Bulletin, qui sont en partie responsables de la souffrance et du décès d’un grand nombre de Canadiens.