Composantes du traitement

Le traitement médical est plus efficace lorsqu’il est jumelé à des services infirmiers, psychosociaux et tout autre service pouvant compléter ceux qui sont dispensés par l’équipe traitante.

La composante médicale

Le volet médical est au cœur du traitement puisqu’il implique la prescription, par un médecin autorisé, d’un médicament utilisé spécifiquement pour traiter la dépendance aux opioïdes. Conformément aux lignes directrices émises par le Collège des médecins du Québec et l’Ordre des pharmaciens du Québec, le médecin a la responsabilité de diagnostiquer la dépendance aux opioïdes et, par conséquent, de confirmer l’admissibilité au traitement. Il s’assure de transmettre l’information nécessaire pour que l’usager puisse faire un choix éclairé avant de commencer la médication.

Pour compléter le suivi médical du traitement assisté par la médication, d’autres services sont proposés :

  • L’évaluation de l’état général de santé de la personne et un suivi régulier;
  • Le suivi des conditions médicales chroniques (incluant le VIH et le VHC);
  • Le dépistage et le traitement  des comorbidités psychiatriques;
  • La référence vers des services spécialisés, au besoin;
  • La prescription d’examens de dépistage;
  • Le suivi obstétrical et postnatal des femmes en traitement assisté par la médication.

La fréquence des rendez-vous médicaux indiquée dans les lignes directrices émises par le Collège des médecins du Québec et l’Ordre des pharmaciens du Québec varie selon le processus de rétablissement de l’usager et la nature des médicaments prescrits. Les rendez-vous sont donnés sur une base hebdomadaire, pendant la période de dosage. Lorsque l’usager est stable, ils sont ajustés à ses besoins. Les lignes directrices mentionnent que les usagers stables, traités avec de la méthadone, doivent être rencontrés aux six à huit semaines, alors que ceux traités avec de la buprénorphine peuvent être vus aux 12 semaines. Au besoin, et avec l’accord de l’usager, les rencontres peuvent inclure un autre membre de l’équipe traitante.

La composante soins infirmiers

Le personnel infirmier occupe un rôle pivot puisqu’il travaille en étroite collaboration avec les médecins, assure la liaison entre les usagers et les intervenants psychosociaux, maintient les contacts avec les pharmaciens dispensant les médicaments et intervient, de façon préventive et curative, dans plusieurs aspects de la vie de l’usager. Compte tenu de la place privilégiée qu’il occupe, le personnel infirmier est indispensable au travail en interdisciplinarité.

Les services infirmiers sont offerts aux usagers selon leurs besoins et leurs capacités à faire des choix. Les interventions proposées ont pour but de soutenir les objectifs de rétablissement exprimés par l’usager lors de l’évaluation. Les interventions infirmières s’intéressent à la consommation de psychotropes, à la santé physique et psychologique des personnes qui consomment ainsi qu’aux divers aspects de leur vie sociale. En voici une description :

  • Les interventions pour des problèmes reliés à
    • l’alimentation (selon des antécédents de cholestérol et de diabète)
    • la constipation
    • le sommeil
    • la contraception
    • le tabagisme
  • Les consultations sur
    • les examens paracliniques (ponctions sanguines, électrocardiogramme, etc.)
    • les vaccins (PPD)
    • les habitudes de vie
    • l’environnement physique et social
    • l’activité physique
    • l’évaluation psychologique pour une référence vers de l’aide psychosociale
    • la motivation à effectuer des changements
    • le soutien psychosocial ponctuel
  • L’encadrement clinique portant sur
    • la ponctualité (heures d’ouverture)
    • la présence aux journées cliniques du médecin traitant
    • les liens avec les pharmacies et les autres partenaires
    • la continuité du traitement
  • L’enseignement sur
    • la médication
    • les médicaments de substitution (méthadone et buprénorphine)
    • les examens paracliniques (échographie, biopsie)
    • la technique d’injection sécuritaire
    • les comportements à risque
    • les différentes maladies (hépatites et autres infections transmises sexuellement et par le sang)
  • Les services complémentaires comprennent
    • l’accueil de stagiaires
    • les rencontres d’information offertes aux professionnels (infirmiers, pharmaciens) œuvrant auprès de la clientèle ou de l’entourage de celle-ci
    • l’accompagnement lors de certaines démarches médicales

En période de dosage, les rendez-vous avec l’équipe infirmière peuvent être jumelés aux rendez-vous hebdomadaires avec le médecin ou avec l’intervenant psychosocial. L’usager peut être vu seul ou, avec son accord, en présence d’un autre membre de l’équipe traitante, selon les besoins ou les problèmes de santé rencontrés.

Pendant la période de maintien, la fréquence des rendez-vous est à évaluer avec l’usager en fonction de son état de santé et des situations difficiles vécues par celui-ci. L’intensité des services infirmiers varie donc selon les situations.

En période de dosage, les rendez-vous avec l’équipe infirmière peuvent être jumelés aux rendez-vous hebdomadaires avec le médecin ou avec l’intervenant psychosocial. L’usager peut être vu seul ou, avec son accord, en présence d’un autre membre de l’équipe traitante, selon les besoins ou les problèmes de santé rencontrés.

Pendant la période de maintien, la fréquence des rendez-vous est à évaluer avec l’usager en fonction de son état de santé et des situations difficiles vécues par celui-ci. L’intensité des services infirmiers varie donc selon les situations.

La composante psychosociale

Les interventions psychosociales peuvent être informelles ou planifiées, offertes en rencontres individuelles ou lors d’accompagnements ponctuels. Elles sont proposées systématiquement, dès le début du traitement, parce qu’elles favorisent le lien avec l’intervenant et facilitent par la suite la référence à ces services lorsque l’usager ressentira les limites de l’approche pharmacologique, c’est-à-dire, du médicament de substitution, en situations difficiles ou de crise.

Les interventions psychosociales sont personnalisées et tiennent compte des traitements antérieurs, des problèmes de santé mentale, de la capacité à établir et à maintenir un lien de confiance, de l’approbation ou non de l’entourage au traitement assisté par la médication et de la phase de motivation de l’usager.

Le tableau suivant donne un aperçu de la gamme des interventions psychosociales.

Les services psychosociaux dans le traitement de la dépendance avec un médicament de substitution

Problématique Continuum de services disponibles
Aspect consommation Accompagnement visant la réduction des méfaits Accompagnement lors de rechute Accompagnement pour le sevrage et/ou l’abstinence
Aspect psychiatrique Rencontres individuelles Consultations pour diverses problématiques (dépression, anxiété, isolement social, etc.) Orientation lors d’une crise psychiatrique et d’hospitalisation
Aspect familial Informations sur le traitement Consultation de crise et suivi Thérapie familiale
Aspect social Référence vers les ressources appropriées Soutien des conditions de vie Consultation visant l’amélioration des conditions de vie (hébergement, travail, retour à l’école)

Pendant la période de dosage, des rendez-vous psychosociaux peuvent être jumelés aux rendez-vous hebdomadaires avec le médecin ou l’infirmière. L’usager peut être rencontré seul et, de préférence, avant le rendez-vous médical. Avec son accord, il peut être aussi rencontré conjointement avec un intervenant médical (infirmière ou médecin).

Pendant la période de maintien, d’une durée indéterminée, l’intervenant psychosocial se rend disponible lorsque des demandes ponctuelles surviennent. La fréquence des rendez-vous est à évaluer avec l’usager en fonction de son état de santé et des situations difficiles vécues par celui-ci. L’intensité des services psychosociaux varie donc selon les situations.

La composante pharmaceutique

Contrairement aux médecins qui doivent demander une exemption à la réglementation fédérale, les pharmaciens peuvent distribuer les médicaments de substitution sans permis spécial. Tout comme c’est le cas pour les médecins prescripteurs, les lignes directrices émises par le Collège des médecins du Québec et par l’Ordre des pharmaciens du Québec encadrent la pratique professionnelle des pharmaciens en indiquant, entre autres, les paramètres pour la tenue des dossiers, la dispensation en cas d’intoxication et l’entente à faire respecter entre le pharmacien et l’usager.

Au Québec, la méthadone et la buprénorphine sont dispensées en pharmacies communautaires et non pas sur les lieux de traitement. Cette pratique implique une collaboration constante et une relation de confiance entre les professionnels engagés auprès d’un même usager.