Une autre vague de surdoses mortelles sévit à Vancouver; le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies émet des recommandations en matière de surveillance des surdoses et d'uniformisation des données d'une province à l'autre

En un jour seulement, Vancouver a enregistré une forte hausse de surdoses mortelles possiblement liées au fentanyl. Le réseau sociosanitaire met en garde les usagers contre des comprimés de couleur rose vendus pour de l'héroïne mais qui contiendraient du fentanyl, un autre opioïde 40 fois plus puissant que l'héroïne et 100 fois plus puissant que la morphine. Dimanche matin, en l'espace d'une heure seulement, six surdoses mortelles ont été enregistrées à Vancouver, pour être suivies au cours de la même journée de 10 autres décès survenus dans des circonstances semblables.

Ces surdoses mortelles font suite au décès d'un adolescent de 17 ans il y a quelques jours à peine et qui serait lié à la consommation d'une substance vendue comme de l'oxycodone mais qui contiendrait en fait du fentanyl. En juillet dernier, un couple dans la région métropolitaine est décédé après avoir consommé du fentanyl mélangé à d'autres drogues. Selon le Bureau du coroner de la Colombie-Britannique, le nombre de surdoses mortelles liées à une substance dans laquelle du fentanyl a été décelé a bondi de 25 % au cours des trois dernières années.    

Par ailleurs, un bulletin sur les décès impliquant le fentanyl au Canada entre 2009 et 2014 vient d'être diffusé par le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies (CCLT), en partenariat avec le Réseau communautaire canadien d'épidémiologie des toxicomanies (RCCET). On y recommande vivement la collecte de données, dans toutes les provinces et les territoires, sur les décès liés au fentanyl qui surviennent dans des circonstances illicites. On martèle aussi le besoin d'uniformiser cette information d'une région à l'autre du pays afin d'obtenir un portrait plus précis de la situation.

Voici quelques faits saillants rapportés dans le bulletin :  

- De 2009 à 2014, des analyses toxicologiques post mortem ont révélé la présence de fentanyl dans au moins 1019 décès dus à un empoisonnement par une drogue au Canada. Plus de la moitié de ces décès sont survenus au cours des deux dernières années, soit 2013 et 2014. Cela représente en moyenne près de deux décès tous les trois jours pendant ces deux années et constitue vraisemblablement une sous-estimation.

- Au cours des six dernières années, le nombre de décès impliquant le fentanyl survenus dans les quatre plus grandes provinces canadiennes [la Colombie-Britannique, l'Alberta, l'Ontario et le Québec] a augmenté de façon marquée, la hausse allant de plus de 2 fois à 20 fois plus.

- Au Québec, de 2009 à 2013, il y a eu 62 décès pour lesquels le fentanyl a été détecté et 40 décès attribuables au fentanyl classés comme de nature accidentelle ou indéterminée[...] Le nombre de décès pour lesquels le fentanyl a été détecté et de décès attribuables au fentanyl a augmenté en 2012 et 2013, comparativement aux années précédentes. Selon des données préliminaires pour 201 4, on note 15 autres dossiers fermés de décès pour lesquels le fentanyl a été détecté et six dossiers fermés de décès attribuables au fentanyl. Cela dit, il reste de nombreux dossiers en cours (53,9 % des dossiers sont maintenant fermés). En tenant compte des données préliminaires pour 2014, on a recensé au moins 77 décès pour lesquels le fentanyl a été détecté et au moins 46 décès attribuables au fentanyl dans la province depuis 2009.

- La naloxone est un médicament qui inverse les effets d’une surdose causée par des opioïdes, comme le fentanyl, et permet de sauver des vies. Utilisée rapidement, la naloxone peut inverser temporairement les effets du fentanyl, mais il faudra peut-être une dose plus élevée. Avec de grandes doses de fentanyl, comme avec d’autres opioïdes, la métabolisation prend plus de temps, ce qui veut dire qu’une nouvelle surdose pourrait se produire quand l’effet de la naloxone s’estompe. D’où l’importance de faire le 911 après l’administration de la naloxone. Pour en savoir plus, voir le site Web (en anglais seulement) du Centre d’information sur les médicaments et les poisons de la Colombie-Britannique (www.dpic.org/article/professional/fentanyl-information-health-care-providers).